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Entretien avec Napkey, l’electro-pop à la conquête des étoiles

Entretien avec Napkey, l’electro-pop à la conquête des étoiles

Marin Woisard

Créer un instrument original, intégrer des hologrammes en concert, rêver d’un live en apesanteur… On s’envole pour le passionnant système pop de Napkey.

Été 2018. L’effet de serre nous fait perdre des hectolitres, les abeilles du Jardin des Plantes s’activent à leur besogne, on rencontre Napkey à l’ombre des arbres, cachés des touristes et des rayons ultra-violets. À notre gauche, Benjamin, fondateur du projet, nous berce de références de science-fiction. À droite, Justine évoque les Artic Monkeys et son bagage classique avec la même passion. Vu de l’extérieur, l’entretien est ultra-terrestre.

Pourtant, les indices sont disséminés un peu partout. À quelques mètres, le Muséum d’Histoire Naturelle organise sa grande exposition sur les météorites. Benjamin tient entre ses mains un étrange instrument sorti de leur imagination débordante – le NapkeyChord. Sur leur bomber réalisé en collaboration avec les Ateliers Here s’affiche une planète bleue en guise de logo. Au milieu d’une galaxie musicale normée, Napkey détonne : collection de vêtements, visuels pop, clips d’animation.

Un puissant storytelling leur sert de rampe de lancement. En avril dernier, l’humanoïde Sol débarquait de sa planète « Stellar Rock » sur les riffs cosmiques de You can have the light. Le personnage phare s’animait ensuite dans le clip de Tu te réveilles, signé des réalisateurs Côme Balguerie et Florian Sauvage du collectif Club Sandwich Club.

La ronde des singles Simone, Down, et Wonder ont préparé le terrain pour la release de leur album Solstice en octobre dernier. La récente découverte du clip de Great Escape clôt leur périple stellaire des synthés de Benjamin et de la voix de Justine. Rétro et futuriste à la fois, leur plan de vol transmet la vision d’un lendemain optimiste où cohabitent humanisme et robotique. Parés pour le voyage ?

Une interview sous les arbres © Guillaume Robs
Terre. Napkey est un projet humain tourné vers les étoiles. Quelles sont les racines du groupe ?

Benjamin : Les racines du groupe sont doubles étant donné…

Justine : …qu’on est deux ! (rires)

B. Je suis influencé par l’électronique des années 80 : Kraftwerk, Jean-Michel Jarre, Pierre Henry. Les pionniers de l’électro tels que je l’aime. Mais aussi beaucoup de littérature de science-fiction : Isaac Asimov, René Barjavel

J. J’écoute plus du rock et du blues, des références plus humaines (rires). Mes classiques, ce sont The Last Shadow Puppets et les Artic Monkeys.

Lune. Plusieurs satellites gravitent dans vos univers respectifs. Quelles influences revendiquez-vous ?

B. Todd Terje et Flavien Berger nous inspirent quotidiennement. Ils ne revendiquent pas le futurisme, mais les instrumentaux et les voix respirent le rétro-futur. J’adore cette dualité qu’on défend.

J. En ce moment [NDLR : L’interview a été réalisée en juin 2018], j’écoute beaucoup Jacob Collier, un petit génie du jazz qui groove.

Mars. En 2015, l’EP « Orange » a établi les bases mélodiques du projet. Comment transforme t-on des productions électro en hymnes pop ?

B. A l’époque de l’EP « Orange », Justine ne m’avait pas encore rejoint sur Napkey. Je bossais quasiment qu’avec des machines. Pour passer de l’électro à l’électro pop, il fallait rajouter de l’humain : en l’occurrence une personne (rires).

J. Une voix humaine, notamment (regards complices).

B. Tous les défauts inhérents à la voix humaine créent une âme. Des petites erreurs de calage rendent le jeu plus expressif, moins mécanique.

J. On a ajouté une vraie basse, plus d’instruments analogiques comme de vieux claviers. On cherche quelque chose de moins froid.

B. Sinon on confierait tout à un robot, ils savent très bien le faire. On a participé à la création d’une chanson avec une IA, « Magic Man« , signée sur Skygge. L’IA assimile des milliers de samples, et nous on fait en sorte de le ré-arranger pour qu’elle ait une structure moins chaotique, plus pop.

Vénus. Avec l’arrivée de Justine, Napkey est devenu un duo. Comment vous répartissez-vous les tâches ?

B. Je fais une composition, puis Justine arrive avec ses bases théoriques. J’y vais à l’instinct, et Justine donne un cadre en gommant ce qui dépasse.

J. Ça nous est arrivé de commencer par les voix, avec « Le Chat » notamment. Mais habituellement on les écrit une fois la mélodie posée.

B. Je marmonne au micro, je bidouille au piano, puis j’écris le texte.

Mercure. Vous avez fait grimper le mercure en dévoilant votre single « Tu te réveilles » avec un clip en animation. D’où vient ce parti pris graphique ?

B. On voulait dévoiler une grande histoire. Notre questionnement porte sur la dualité homme et machine, qui est dans l’actualité avec le transhumanisme et l’intelligence artificielle.

Nous avons créé notre univers avec des planètes identifiées, des personnages dont on connaît l’histoire… A filmer en live, la location des planètes serait revenue un peu trop chère (rires).

L’animation nous permet de n’avoir aucune contrainte physique, en collaboration avec le duo Club Sandwich Club, composé de Côme Balguerie et Florian Sauvage. Ils ont accepté de nous suivre sur la durée en accompagnant les clips de trailers et de l’identité visuelle. Toutes les chansons ont leur propre histoire qui se déroule dans ce même univers [NDLR : le clip de « Great Escape est signé de Club Sandwich Club].

Jupiter. Sorti le 18 octobre 2018, votre second album Solstice n’est pas composé d’hydrogène et d’hélium. Du coup, on peut connaître sa conception ?

B. Après le premier album, « 42 », j’ai composé la valse « Dive » et la balade « Stellar Rock », toutes deux avec des voix robotiques.

J. Même si ma voix est présente sur « Dive », la transition s’est faite en douceur avec les vocoders.

B. Notre co-compositeur Kevin Vergobbi faisait le lien entre nos influences avec ses influences plus rock et son gros bagage théorique. Il nous a appris à sortir de notre confort de composition.

Souvent, on écoute des chansons en se disant : « Je n’aurais jamais fait ça, mais je trouve ça génial ». Kévin nous bouscule en nous ouvrant à autre chose.

J. On cherche tout le temps l’ailleurs.

Saturne. Plusieurs anneaux artistiques ceinturent la planète Napkey, dont celui de la mode. Comment s’est déroulée votre collaboration avec les Ateliers Hères ?

J. On a commencé en créant l’identité musicale des Ateliers Hères. Il a signé nos costumes de scène avant de décliner une collection inspirée de notre album Solstice. La ligne reprend des symboles qui rappellent le voyage et l’espace.

Benjamin et Justine sont habillés par les Ateliers Hère © Guillaume Robs
Neptune. Neptune Safari compte parmi les artisans emblématiques du revival des années 80. C’est une tendance qui va s’essouffler ou vous la pensez éternelle ?

J. C’est une petite boucle qui revient, ça ne sera pas terminé avec la nostalgie des années 90.

B. Les années 80 sont à la fois le berceau de la musique électronique et le moment de son épanouissement avec la New Wave. Tous ceux qui utilisent maintenant des instruments de musique électronique – et tout le monde en utilise, gardent un peu d’âme des années 80 dans leur musique.

On regardait la série Genius dont la musique du générique est composée par Hans Zimmer. On a l’impression que ce sont des grands arpèges au violon, puis on se rend compte que c’est un synthé.

J. Un mélange entre classique et électro, on ne sait plus où est la limite.

B. J’aimerais créer la symphonie de 2380 (rires).

Uranus. Si on regarde dans le télescope de William Herschel, quels nouveaux accomplissements découvre t-on pour Napkey ?

B. Avec l’album, on prépare un jeu vidéo. Et des surprises sur scène : le NapkeyChord, qui nous accompagne partout [NDLR : un instrument de musique créé par les Napkey] et des hologrammes.

On a des rêves un peu fous… Jouer dans un vol en apesanteur, ce genre de choses.

Vers l’infini et au-delà. Quelle est pour vous la définition (intemporelle) d’un artiste ?

J. S’exprimer en étant vraiment soi-même.

B. Quelqu’un qui diffuse ce qu’il a envie de dire, par n’importe quel médium que ce soit. Si c’est humain, c’est artistique.

J. On se rejoint (rires).

Merci Justine et Benjamin !

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