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[Arty Airlines] Excursion italienne avec la talentueuse réalisatrice Isabelle Montoya

[Arty Airlines] Excursion italienne avec la talentueuse réalisatrice Isabelle Montoya

Marin Woisard

Comédienne, scénariste et réalisatrice, Isabelle Montoya a posé ses valises dans la charmante ville italienne de Matera après une carrière florissante en France. La capitale européenne de la culture 2019 se dévoile en sa compagnie.

Isabelle Montoya est l’incarnation de l’artiste libre. D’origine espagnole, elle tourne dès ses six ans sous la direction de Sofia Coppola (Marie-Antoinette), Dominique Furgé, ou encore Christophe Douchand. Plus tard, son film expérimental « Reversed Séquence » la consacre comme réalisatrice en étant choisi comme générique de Tracks, avant d’être distinguée du Prix Face Hérault – Agir contre l’exclusion pour son documentaire tourné au Québec « Portrait d’une femme inuit ».

Matera est devenue capitale européenne de la culture après avoir été déclarée « honte de l’Italie »

Bourlinguant entre la France et l’Italie, Isabelle a réalisé différents clips pour des artistes transalpins et mis en scène au théâtre « Les Oranges » d’Aziz Chouaki. Son parcours nous entraîne jusqu’aux versants ensoleillés de Matera, l’une des plus vieilles cités habitées au monde, où elle cherche un producteur pour son premier long-métrage franco-italien avec Laura Morante. Revenant régulièrement à Paris pour un second projet en développement avec les Films Norfolk, Isabelle nous parle de sa ville de cœur avec la même passion lumineuse qui anime son cinéma.

Marin : Hello Isabelle. Peux-tu nous raconter les liens qui t’unissent à Matera ? De quelle manière la ville influence t-elle ton inspiration ?

Isabelle : Ça fait dix ans que Matera fait partie de ma vie. Et que je fais partie de son décor. Je reviens toujours vers elle car j’y ai désormais ma famille, mes amis et mes repères secrets pour écrire. Et puis je m’apprête à y réaliser « Giurin Giurello » un court-métrage que j’ai écrit pour mon ami Gianfranco Delvecchio qui était une figure importante à Matera car il avait remis au goût du jour la musique traditionnelle.

Ce film raconte par le biais de la fiction la ville, son histoire et ses habitants tels que je les ai connus. Je vais également y tourner « Cortopass » le nouveau clip du groupe Ragnatela Folk Band, après la « Iatta Nera » que j’avais tourné à Matera il y a deux ans. On peut donc dire que Matera influence fortement ma création en ce moment.

Marin : Quels lieux t’ont particulièrement inspiré ?

 Isabelle : Quand j’ai découvert Matera, pour moi la ville c’était les Sassi (la partie troglodyte qui est la plus antique). Les habitants se réappropriaient cet espace qui avait longtemps été abandonné. On passait les nuits à y jouer, chanter et danser. Le cœur de la ville y battait en continu au rythme de la tarentella et de la pizzica. Je m’y suis fait beaucoup d’amis. C’était magnifique. Et ça m’a inspiré beaucoup d’histoires.

Il y a bien sûr la Murgia en face qui est magique et offre une vue sublime sur les Sassi. Là, au Jazzo Gattini, j’ai de beaux souvenirs de nuits étoilées. Et puis il y a les bars de Matera que j’investis pour écrire. Tous les patrons de ces lieux sont devenus mes amis et j’y suis désormais chez moi. Je regarde la vie défiler devant moi et je suis au spectacle.

Marin : Quel lieu représentatif de la scène locale nous conseillerais-tu ?

Isabelle : Je viens de voir une belle exposition de Massimo Lanzetta et Luciana Paolicelli du Teatro dei Sassi qui s’appelle “La secretissima camera de lo Core”. Elle est à voir parce qu’elle raconte la ville et ses souvenirs. Côté musique, j’aime beaucoup le Bar 1806 qui organise des concerts dans un lieu intimiste et où le sourire et la bonne humeur sont de mise. Là, pas de touriste. Que des amis et visages connus. Ça fait du bien et la musique est bonne.

Il y a aussi l’Osteria Malatesta qui a gardé son authenticité et qui fait résonner la musique dans les rues comme avant car les musiciens et chanteurs jouent en extérieur l’été. Ça a longtemps été mon bureau. Et même les jours de fermeture, le gérant Massimo me donnait la clé pour que j’aille y écrire. Et puis, il faut aller goûter un bon cocktail chez Ezechiel au Mascavo Caffè ou être accueilli par la belle Isa au Caffè Italia (que tout le monde appelle ici le Bar Italia) pour y faire l’apéritif avant de s’élancer dans le cœur de la ville. Sans carte surtout pour s’y perdre avec délice. C’est là, le véritable spot artistique !

Marin : Matera a été élue capitale européenne de la culture 2019. Comment la dynamique de la ville est changée au quotidien ?

Isabelle : Ce qui est beau c’est que Matera qui avait été déclarée la honte de l’Italie soit désormais la Capitale de la Culture ! Elle le mérite car c’est une des plus anciennes villes habitées au monde et sa beauté est telle qu’elle est classée sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité établie par l’UNESCO. Il y a quelques années, voir un touriste dans les rues était un événement. Maintenant les rues grouillent de touristes. Il y a plus de travail pour les habitants c’est sûr mais c’est vrai que ça change l’âme du lieu. Surtout les Sassi qui sont devenus bien trop silencieuses. Cette partie de la ville est désormais pour les touristes.

Par contre, dans la ville il y a des événements organisés qui valent le coup : des spectacles, du cirque, des projections, des lectures, des concerts classiques « in piazza » ou dans des lieux qui sont magnifiques. Et puis il y a beaucoup de tournages ici. Encore plus depuis que la ville est capitale de la culture. En ce moment, c’est James Bond qui s’invite à Matera.

Merci Isabelle pour ces belles réponses. Retrouvez la réalisatrice sur Vimeo.

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