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Rencontre : les artistes parisiens à travers l’œil de Julie Oona

Rencontre : les artistes parisiens à travers l’œil de Julie Oona

Marin Woisard
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Entre portraits de personnalités artistiques et projets plus personnels, la photographe parisienne Julie Oona nous a parlé de ses inspirations et de son parcours.

En véritable touche-à-tout, Julie Oona est photographe, réalisatrice et directrice artistique. Quelque soit la discipline, elle déploie une douce mélancolie baignée de teintes pop et rétro, enrayant l’emprise du temps sur son œuvre. En photo, la parisienne s’est faite connaître pour ses portraits d’artistes déclinés dans une galerie d’aventures quotidiennes : Jacques à la plage, Angèle à l’église, Dani Terreur sous un tournesol. Julie apprivoise les têtes d’affiche avec une spontanéité désarmante, nous connectant avec ceux qui ont fait de leur prénom une marque.

Photographe, intime et esthète

Toujours avec la même sincérité, Julie Oona a réalisé pour le magazine TAF Mag une série de pastilles documentaires, Melting Potes, où elle allait à la rencontre des agitateurs artistiques de la capitale. Après des collaborations avec Konbini et L’Express Styles, la réalisatrice affirme son esthétique limpide dans des clips pour Lulu Van Trapp, Eugénie et Alice et Moi.

Imprégné par l’imagerie du double, son travail évoque autant la sororité malsaine dans C’est toi qu’elle préfère, que le flirt amoureux dans le split-screen de Bébé c’est l’enfer. Bienvenue dans l’univers de Julie Oona, la photographe des artist-ocrates.

Le reflet de Dani Terreur sous l’œil de Julie Oona
Marin : Salut Julie. Peux-tu me raconter ton parcours ?

Julie Oona : J’ai commencé la photo très jeune, on m’a vite passé un appareil photo entre les mains. Mes amis aimaient bien quand ils étaient mis en scène et lorsque je les photographiais plus spontanément dans des instants intimes. J’ai fait des photos d’eux dans mon quotidien pendant des années puis j’ai fait une école de photo.

 

Par la suite, j’ai toujours eu pas mal de musiciens autour de moi, donc j’ai souvent capturé des moments avec eux et c’est comme ça que je me suis spécialisée dans la photo de portraits. La vidéo est ensuite tombée par hasard, j’avais déjà bidouillé des petits trucs, dont un petit projet à l’école pour mon mémoire. Du jour au lendemain, on m’a proposé de faire une vidéo pour un blog de l’Express Styles. J’ai toute suite accepté et tout a suivi.

M. : Quelles influences nourrissent ton travail ?

JO. : J’aime beaucoup Robert Mapplethorpe, Masao Yamamoto, Pierre et Gilles… Des choses bien différentes qui me boostent. Je m’intéresse beaucoup à la peinture ainsi qu’au cinéma, forcément. J’adore les « vieux films » de réalisateurs comme Akira Kurosawa, Ingmar Bergman et Andreï Tarkovski.

M. : Tu as pu photographié Lomepal, Angèle, Nelick, L’Impératrice… On y reconnaît autant ta patte graphique que leur personnage. Quelle est ton approche pour réussir à mêler les deux ?

JO. : Je ne me pose pas tellement de questions, car ce sont des shootings qui sont très rapides pour la plupart. À part Lomepal, ce sont des photos prises sur le vif en 10 minutes à peine. Je suis vraiment sur l’instant en cherchant une couleur ou un élément que j’aime bien, et qui pourrait bien faire ressortir le modèle.

 

En général, les poses sont très simples. Je cherche le profil qui m’intéresse ou je leur demande de regarder un peu partout, pour chercher une certaine intensité que j’ai envie de capter. J’harmonise le tout, modèle et décor, en post-production.

« Les poses sont très simples. Je cherche le profil qui m’intéresse ou je leur demande de regarder un peu partout, pour chercher une certaine intensité que j’ai envie de capter » © Jacques par Julie Oona
M. : Tes deux photos pour Jacques (Jacques à la plage et Portrait à la pelle) incarnent magnifiquement son personnage. Peux-tu me raconter dans quel contexte les portraits ont été pris ?

JO. : Pour le coup, ces deux photos ont été prises aussi très rapidement. Pour le Portrait à la pelle, on était avec Jacques dans les ateliers du Wonder à Saint Ouen, où on avait tous les deux nos ateliers : on faisait un shooting photo avec lui et sa sœur. Il a souhaité un portrait de lui seul. On était dans une pièce vide avec quelques petits objets et on a vu une pelle. On a fait trois photos avec et c’est tout, après on est parti sur autre chose. Quelques mois plus tard il m’a demandé cette photo par mail pour son projet solo.

 

Pour Jacques à la plage, on était en vacances. Il m’a dit qu’il aimerait juste voir une photo de lui qui présente la mer avec ses deux bras levés. Je n’avais plus de batterie et quasiment plus de place sur ma carte mémoire. Je lui ai fait une photo et j’ai rangé mon appareil dans le sac. Et voilà !

M. : En tant que réalisatrice, tu as à ton actif la série de reportages Melting Potes où tu t’immisçais dans des collectifs de créatifs. Quelle motivation anime ton approche documentaire ?

JO. : Ce sont les filles de Tafmag qui m’ont proposée de faire ces petites émissions. J’ai toujours aimé aller filmer les gens dans la vraie vie, ainsi que de témoigner d’un projet qui leurs tiennent à cœur… Et encore plus dans ce cas là.

M. : Tu as réalisé les clips C’est toi qu’elle préfère d’Alice & Moi et Équilibre d’Eugénie. En quoi les thématique de la sororité et du double, que tu as décliné ici, t’inspirent particulièrement ?

JO. : Alors oui, complètement je suis assez fascinée par le double, la dualité, la confrontation, la comparaison. Le jeu à deux ou le miroir reviennent souvent. Ces sujets sont vastes et fascinants et nous plongent rapidement dans le surréalisme.

M. : Ton clip Bébé c’est l’enfer pour Dani Terreur décline une esthétique pop, rétro et décalée. Comment t’es venue l’idée d’un flirt en split-screen ?

JO. : L’idée du split-screen est venue assez vite sur la table, j’avais envie de faire un clip simple avec deux personnes qui se parlent au téléphone sur des tableaux différents. J’avais bien envie d’essayer ce petit procédé, et d’y intégrer Maitre Mims leur petit chien.

M. : Si je pouvais réaliser tes rêves, quels seraient-ils ?

JO. : Des projets qui me font voyager, travailler avec Kendrick Lamar, finir la série photo que je prépare depuis un an, vivre de tout ça jusqu’à ma mort. Si ça peut rester après, tant mieux c’est le petit must.

M. : Et tes projets à venir ?

JO. : Pour le moment je suis plutôt en phase d’écriture pour partir sur un autre genre de vidéo. Je continue mon travail sur le corps et je reprends des idées qui n’avaient jamais vu le jour jusque-là.

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