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Interview : Hologramme, électro en relief

Interview : Hologramme, électro en relief

Marin Woisard

Le producteur québécois dévoile son album « Felicity » qui infuse lentement un mantra minimaliste et métissé. Hologramme, ou l’art de donner du relief à la sensibilité électronique.

Parce que ses productions sont dépouillées, on s’attendait à interviewer une personnalité en retrait. Que nenni, Hologramme nous transmet une joie de vivre et un second degré plaisants à lire. Loin de la figure de l’artiste maudit, le canadien Clément Leduc livre une balade nocturne mâtinée d’influences world music et de minimalisme allemand, ode à la nuit berlinoise où il s’est plongé pour composer son album. Ses synthés analogiques et sa rythmique enveloppante sont autant la marque d’un bon vivant que d’un lover de la production.

De l’électro au cinéma, il n’y a qu’un pas

En 2015, son premier album auto-produit l’avait catapulté sous les feux de la rampe. En cause, sa nomination comme meilleur album électronique de l’année au GAMIQ. Celui qui est aussi réalisateur nous invite pour son second opus à une projection intérieure, bousculant les images dans nos têtes. L’acteur Adrien Bletton pose sa voix caverneuse sur le single « Nocturne », tandis que la collaboration avec le saxophoniste et réalisateur Felix Petit achève de dresser la passerelle pluridisciplinaire. De la nébuleuse cinématographique à la clarté électronique, « Felicity » joue la carte du relief musical où toutes notes deviennent prétexte à l’image.

Marin : Hello Clément. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Clément : Salut ! Moi c’est Clément, j’aime l’horticulture, l’art contemporain et faire des dessins au crayon de cire dans les restaurants canadiens… Ah oui, je fais un peu de musique sur le side (rires).

Clique sur la pochette pour écouter l’album
Marin : En voilà un nom de scène intriguant, tu nous racontes d’où ça vient ?

Clément : J’ai beaucoup hésité entre Radiohead et Madonna, mais je trouvais ça trop « anglo » (rires).

Marin : Pour composer cet album, tu n’as pas voyagé en Angleterre mais de Montréal à Berlin. Comment ce haut-lieu de l’électro a influencé ton approche de la production ?

Clément : J’étais de passage à Berlin à l’automne 2017 pour un concert, et j’ai décidé de prendre quelques jours pour découvrir la ville. J’ai eu un coup de foudre pour la liberté artistique et culturelle qui règne dans la capitale. Cette avant-garde artistique m’a tout de suite convaincu de venir y composer mon prochain disque. C’est donc en plein mois de janvier que j’ai redécouvert la ville sous un tout autre visage. Dépourvu de lumière, je me suis plongé dans l’écriture en me laissant influencer par l’aura vibrante du minimalisme et du brutalisme allemand et, bien entendu, par la musique électronique qui est omniprésente.

Marin : Les influences de la world music se ressentent dans les mélodies et les percus de « Felicity », « El Rey » et « Bon Voyage ». C’est une source d’inspiration ?

Clément : Oui tout à fait. Du plus loin que je me souvienne, mes parents ont toujours fait joué de la musique du monde à la maison. J’ai grandi sur Tinariwen, Ali Farka Touré, Toumani Diabaté, Tiken Jah Fakoly etc.. Ça vient donc de là ainsi que du multiculturalisme que nous vivons à Montréal. Je fais cette musique dans le partage et la plus grande curiosité. Sur « El Rey » on peut entendre le guitariste sénégalais Assane Sek qui joue sa guitare comme un malien ! C’est probablement ça qu’on appelle du métissage.

Elle est pas belle la vie à Montréal ?
Marin : Le morceau « Nocturne » se détache comme un single naturel avec le featuring de l’acteur Adrien Bletton. Comment est née l’envie de cette collaboration ?

Clément : À Berlin, je composais chaque jour. J’intitulais chaque pièce « jour 1,2,3,4 » … « Felicity » est né le jour 6, « Berlin » le jour 1, et « Nocturne » le jour 12. J’avais envie d’avoir le plus de collaborations possibles sur cet album et j’ai tout de suite su que « Day 12 » était un featuring. Sans hésitation, je l’ai envoyé à mon ami Adrien qui m’a répondu que ça lui rappelait les curry wurst et les tramway jaunes (rires). De là est né Nocturne. Je fantasmais aussi sur l’idée d’une collaboration avec Odezenne, je leur ai envoyé en même temps « Day 16 » mais ils étaient malheureusement en écriture de Baccara. J’ai envie de collaborer avec le plus de gens possible. Sans barrières ni idées préconçues !

Marin : Pour terminer nous avons une question incontournable chez Arty Paris. Ça veut dire quoi pour toi, être un artiste ?

Clément : Hmmm est-ce que c’est une question piège (NDLR : Nous n’avons jamais de question piège 😉 ) ? Je pense que dans mon cas ça se résume à être le plus sincère et modeste dans la discipline que je pratique. Je veux que les gens ressentent ce que je véhicule à travers ma musique, que ça les touche, que ça les inspire à s’aimer. Je veux que les gens s’envoient en l’air sur ma musique, qu’ils fassent la fête, qu’ils pleurent aussi parfois. Je n’ai pas d’idée préconçue sur ce que devrais être un artiste mais je souhaite à tous les artistes de rester intègre, curieux et authentique (rires). Namaste !

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