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Cépé : « J’aime sublimer les imperfections car je les trouve belles »

Cépé : « J’aime sublimer les imperfections car je les trouve belles »

Marin Woisard
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Originaire du Sud de la France, l’illustrateur Cépé s’est confié sur son travail solaire, inspirant et protéiforme. L’artiste sera présent au Marché de L’illustration Impertinente du 3 au 4 octobre 2020 au Hasard Ludique.

La réussite d’un événement tient autant à sa programmation qu’à son visuel. Cela tombe bien, le talentueux Cépé est à la fois programmé au Marché de l’Illustration coquinou organisé du 3 au 4 octobre au Hasard Ludique, et signe le visuel officiel intitulé le Carrousel du plaisir. Cédric Pierre-Bez, pour les intimes, livre ici sa propre interprétation plurielle et espiègle.

Sa création assume un style fantaisiste ; aussi douce qu’un éclat de soleil occitan, aussi fraîche qu’une œuvre de Fernand Léger du début 20ème et charnelle qu’une nuit d’été lascive sous 30°C. Célébrant la diversité, Cépé rappelle avec ludisme que les corps puisent leur diversité dans les hasards des courbes, de peaux et postures. La plus belle des impertinences est alors de les magnifier de son coup de pinceau.

Deux âmes sœurs prennent la pose sur une chaise en osier © Cépé
Marin : Bonjour Cépé. Est-ce un hasard si ton pseudonyme nous rappelle un célèbre auteur de BD ?

Cépé : Mon pseudo peut faire penser à Sempé mais il n’y a aucun lien. Cela vient en réalité de mes initiales : « CP » a donné Cépé. Sinon, j’ai 36 ans, je suis originaire de Marseille, mais je vis depuis 4 ans sur Montpellier avec ma copine.

M. : On a lu à plusieurs reprises que ton travail était influencé par les ambiances du sud de la France. Est-ce une question de couleurs ou d’état d’esprit ?

C. : Les deux ! En premier lieu, la luminosité du sud et ses couleurs saturées m’inspirent beaucoup. Plus largement, c’est une ambiance que j’essaie de retranscrire dans mon travail : un monde d’été à la lumière crue, bruyant, lumineux et métissé. Les vacances, les moments de détente et le farniente sont des choses qui imprègnent beaucoup mon travail.

 

Étant né à Marseille, je suis resté amoureux de cette ville populaire et folklorique. Il y a quelque chose d’elle en moi que je n’arrive pas à saisir, qui va au-delà d’un aspect strictement visuel, qui me renvoie à des souvenirs d’enfance. C’est peut-être cela que j’essaie inlassablement de faire ressentir dans mes productions.

M. : Tes œuvres touchent aussi par leur universalité colorée et graphique. Quelles sont tes sources d’inspiration ?

C. : Mon style s’est construit avec les courants artistiques qui m’ont le plus marqué, comme le cubisme et l’expressionnisme. Quant à mes inspirations, elles sont quotidiennes et viennent de partout. Ça peut être un visage croisé dans la rue, un look vestimentaire, un clip de musique ou un reportage… Je prends tout en photo pour garder une trace, même ma télé parfois.

 

La photo m’inspire beaucoup également. Le travail de Claude Nori, Luigi Ghirri, Harry Gruyaert ou Martin Parr notamment, font partie de mes références… Avec le recul, je crois que je suis attiré par les défauts, le too-much, ou ce que certains appellent le mauvais goût. J’aime sublimer les imperfections et les mettre en valeur car je les trouve belles. Mes personnages vous regardent dans les yeux et ne baissent jamais la tête.

Cours de peinture en distanciel © Cépé
M. : Tes créations présentent des ballets de corps qui déconcertent et subjuguent. Pourquoi choisir en majorité des sujets féminins ?

C. : C’est vrai que je crée davantage de sujets féminins. Je crois que ça m’inspire plus. Je trouve ça plus intéressant même si je ne sais pas exactement pourquoi. Il n’est pas nécessaire d’avoir toutes les réponses et j’aime bien l’idée que certaines questions que je me pose puissent rester en suspens. Mes créations évoluent en ce moment, et je crée de plus en plus de personnages androgynes.

 

À mes yeux le genre n’est pas quelque chose de binaire et j’ai à cœur de retranscrire cette idée dans mes prochains travaux. Lorsque je dessine un personnage, la question de savoir si c’est un homme ou une femme m’importe peu au final. Si la frontière est floue et que ça laisse planer le doute, c’est encore mieux.

M. Tu as créé le visuel du Marché de L’Illustration Impertinente N°3. Comment as-tu réalisé cette commande ?

C. : Justement, pour cette création, les questions de genre, de sexualité et de diversité devaient être évoquées. C’était la direction que m’avait donné Le Hasard Ludique. J’ai proposé plusieurs pistes mais ils ont de suite opté pour l’idée de ce « manège du plaisir. »

M. : Le mouvement naturel de tes illustrations nous laisse rêveur au rendu en animation. Est-ce une envie de ton côté ? De quoi rêves-tu créativement parlant ?

C. : Animer mes illustrations est un de mes projets, j’adorerais faire ça. Je ne sais pas quand, ni comment, si seul ou en collaboration. J’adorerais que mes créations soit associées à de la musique. Cela pourrait être de la danse, de la performance scénique, du mapping ou bien tout ça à la fois. L’idée de collaborer avec des motion designers, des réalisateurs ou des musiciens est quelque chose que j’aimerais beaucoup réaliser.

M. : Ma dernière question est la signature chez Arty Magazine. Quelle est ta définition d’un artiste ?

C. : Pour moi, un artiste est quelqu’un qui attache beaucoup d’importance à des choses qui ne servent à rien. Après, j’ai l’impression que si l’on définit, on limite. Pour moi la définition d’un artiste c’est aussi quelqu’un qui repousse l’idée qu’on se fait de « l’artiste ».

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