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Interview en apesanteur avec Antoine Pesle

Interview en apesanteur avec Antoine Pesle

Marin Woisard

L’album « Hi-Fi Romance » du chanteur et producteur lillois sort aujourd’hui : beau, simple, juste. Aussi dépouillé qu’une critique que l’on évite pour s’effacer derrière sa musique. Son interview est à lire ci-dessous.

Pour présenter un nouveau talent, on cherche toujours l’axe parfait, la référence subtile, le mot juste. Et pour présenter Antoine Pesle, dont l’album nous tient tellement à cœur, on pourrait utiliser de ces trois argumentaires sans difficulté. Car le garçon, fort de son parcours autodidacte, est un bon client. On pourrait parler de ses débuts sur la scène lilloise, entouré du collectif Alpage (Marklion, You Man, Prieur de la Marne) et de sa passion pour la pop anglaise tournée sous pavillon français. Le trajet serait celui d’un chanteur du nord de la France qui regardait de l’autre côté de la Manche pour se retrouver à Paris, où il arrangerait et réaliserait l’album de Juliette Armanet, Petite Amie.

On pourrait parler, tout aussi sûrement, de son obsession pour l’euphorie libératrice de Paul McCartney, de ses productions nous rappelant les balbutiements d’Air et Phoenix, de l’empreinte latente du père de la bossa nova João Gilberto. Et une fois passé l’angle fort et les influences sereines, s’attaquer à une accroche. Le french flair. L’autodidacte génial. Le fragile puissant. Et avant tout, l’indéfectible romantique par qui la mélodie fond à notre cœur. Antoine Pesle mériterait tous ces mots, ceux que l’on pose au conditionnel. Mais avant tout, son album Hi-Fi Romance s’écoute, et pour ce qui est de décrire sa musique, on se contentera de se taire.

Marin : Hello Antoine. Ton premier EP « Amour Lemon » naviguait entre l’italo-disco et le french boogie. Pourquoi un tel revirement vers la pop anglophone pour ton premier album ?

Antoine Pesle : À l’époque de mon premier EP, j’écoutais beaucoup d’italo-disco, c’était aussi un moment où je passais beaucoup de temps en Italie. J’ai une culture musicale plutôt anglophone, et j’avais beaucoup de R&B en tête quand j’ai écrit ce dernier disque. C’est pas vraiment calculé, en fonction des moments l’écriture va vers une langue plutôt qu’une autre. En ce moment, je compose de nouveaux titres et je vais plus vers le français.

Marin : T’es très proche de la nouvelle scène pop lilloise, notamment du collectif Alpage (Marklion, You Man, Prieur De La Marne…). En t’écoutant, on décèle surtout des influences anglo-saxonnes dans tes productions. Quelles références vous ont rapproché ?

Antoine : C’est surtout Vincent Thierion aka Marklion qui nous a rassemblé au moment de la naissance d’Alpage Records. Son enthousiasme était fédérateur et on était tous heureux d’y participer. Les goûts de Vincent étaient plutôt éclectiques, mais la musique c’est aussi une histoire de rencontre, pas seulement de goûts.

Marin : Ton adoubement par Juliette Armanet t’as offert de réaliser et arranger son premier album Petite Amie. Qu’apprend-on au contact d’une telle icône de la nouvelle variété française ?

Antoine : Juliette écrit de superbes chansons, c’est déjà un privilège de bosser la production de belles chansons écrites par une auteure, compositeur et interprète aussi talentueuse. Et puis c’est une super expérience de bosser la production de l’album d’une artiste signée sur une grosse maison de disques, Barclay en l’occurrence. J’ai pu y rencontrer de supers musiciens, bosser dans des studios magnifiques, rencontrer d’autres producteurs. Marlon B avec lequel Juliette et moi avons bossé pour la production du disque est un producteur auprès duquel on a beaucoup appris, elle comme moi. Son studio est convivial ce qui est assez rare, et Marlon est quelqu’un qui diffuse une super énergie.

Marin : Ton album délivre une pop puissamment assumée, sans chichis ni fioritures, tout en témoignant d’une fragilité ténue dans les accords et le chant. Comment travailles-tu en studio pour obtenir ce résultat ?

Antoine : J’ai commencé la prod’ de cet album après avoir fini celui de Juliette en 2017, je venais de terminer mon studio. J’étais heureux de pouvoir y accorder beaucoup de temps. J’avais une idée précise du son que je voulais obtenir, je voulais que ce disque soit doux, que ce soit bouncy mais tout doux, qu’on soit content de le mettre dans la voiture pour passer un moment reposant. Plus concrètement, en studio, j’ai invité mes amis musiciens, je suis allé acheter des hamsters à Jardiland, et entre deux prises, on rigolait tous ensemble.

Marin : Tu te places à contre-courant en optant pour des paroles en anglais plutôt qu’en français. C’est une musicalité de langue avec laquelle tu te sens plus à l’aise ?

Antoine : Au moment où j’ai écrit les chansons de ce disque, oui, j’étais plus à l’aise avec l’anglais. Aujourd’hui j’ai envie d’aller vers le français. Pour Hifi Romance je n’avais pas de prétention d’auteur, je cherchais à écrire des chansons dont le sens est presque absent. J’écoute beaucoup de pop japonaise en ce moment, et je n’ai pas besoin de comprendre de quoi il est question pour ressentir des choses. Je sens donc je comprends.

Marin : Sur scène, t’es accompagné de l’artiste contemporaine Dominique Gilliot. Comment fonctionne ce duo ?

Antoine : On bosse sur d’autres choses avec Dominique en ce moment : un spectacle qu’elle jouera à la Ménagerie de Verre le 12, 13 et 14 novembre, et pour lequel j’écris la musique. Maintenant, je joue sur scène avec les musiciens qui ont joué sur l’album, c’est cool de jouer les morceaux en live avec ses copains.

Marin : Ce sera ma dernière question, celle que je pose à tous les artistes que j’interviewe. Quelle est ta définition d’un artiste ?

Antoine : Artiste, c’est peut-être quelqu’un dont on a du mal à comprendre ce qu’il fait de ses journées.

Retrouvez Antoine Pesle sur Instagram et Facebook. Il sera en concert au MaMA Festival le mercredi 16 Octobre à 23h30 au Cuba Café.

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